Que la lumière soit

Que la lumière soit

L'inspecteur mène l'enquête


L'inspecteur mène l'enquête

- Je suis l'inspecteur Lacolombe, ma carte...

- Merci d'être venu si vite...

- Quel est l'objet...?

- C'est au sujet d'un cadavre qui a disparu...

- Où se trouvait le corps ?

- Dans un tombeau neuf, qui avait été fermé par une grosse pierre...

- Et le corps a disparu ?

- Oui;

- Y a t-il une autre sortie ?

- Non.

- Quoi d'autre ?

- Il y avait des gardes devant le tombeau.

- Combien ?

- Une dizaine.

- Pourquoi des gardes ?

- C'est que... le défunt lui-même avait prétendu qu'il pouvait se réveiller d'entre les morts...

- ???

- Oui, et afin d'éviter que ses amis viennent voler le corps...

- Il avait donc des amis ?

- Oui, une douzaine...

- Est-ce que quelqu'un les a interrogés ?

- Impossible, ils sont introuvables

- Comment....!?

- Ils doivent se cacher...

- Pourquoi se cacheraient-ils ?

- Ils ont peur d'être exécutés comme leur ami défunt...

- Ah bon ! Parce que leur ami a été exécuté...?

- Oui.

- Pourquoi ?

- Trahison, à ce qu'il paraît...

- Vous n'êtes pas sûr !?

- C'est que l'affaire est un peu embrouillée...

- Attendez, est-ce que vous pourriez avoir l'obligeance de me l'expliquer un peu ?

- Le défunt a été arrêté parce qu'il se prend pour un roi...

- Un roi ?

- Enfin, oui et non.

- Je ne vois pas bien...

- Disons, que quand le procurateur l'a interrogé, il lui a répondu qu'il était roi, mais que son royaume n'était pas de ce monde...

- Et il a été exécuté pour ce motif ?

- Non, mais c'est qu'il avait aussi des ennemis qui ont voulu faire du scandale, et pour calmer tout ce beau monde, le procurateur a finalement accepté, à contrecœur, qu'il soit exécuté...

- C'est une blague !?

- Pas avec ce procurateur...

- Est-ce que l'on est sûr qu'il était bien mort quand...

- Tout à fait, c'est même le procurateur qui l’a fait vérifier par un officier.

- Et ensuite ?

- Une fois mort, il a été embaumé, puis placé dans le tombeau.

- On aurait pu subtiliser, et mettre un autre corps dans le tombeau…

- Non, le corps en question a été suivi de près...

- Ou ne rien mettre dans le tombeau...

- Le tombeau a été scellé

- Pourquoi scellé ?

- Encore pour calmer les ennemis du défunt, les autorités ont vérifié que le corps était bien dans le tombeau, puis elles ont apposé le sceau impérial sur la pierre...

- ...qui fermait la tombe, je comprends.

- Donc, il est certain que le bon corps était bien dans le tombeau.

- Tombeau qui était gardé par une escouade, donc.

- Exactement

- Et malgré toutes ces... précautions... le corps a disparu...

- Il a disparu. Alors, qu'en pensez-vous, inspecteur ?

- Mais comment le corps a pu disparaître avec la pierre ?

- Elle a été déplacée par un séisme

- Tiens...

- Si.

- C'est à ce moment que les amis du défunt...

- Inspecteur, vous oubliez la garde...

- C'est vrai, ses amis n'auraient pas osé s'approcher...

- De plus, le corps avait déjà disparu lorsque la terre a tremblé

- Vraiment ?

- D'après les soldats...

- Et si on avait soudoyé les gardes.

- Cela se voit que vous ne connaissez pas la loi militaire impériale !

- Je dois avouer...

- Elle stipule : tout soldat en faction qui manquerait à son devoir de vigilance sera exécuté.

- Fichtre !

- Donc, il est invraisemblable que les gardes aient pu se laisser acheter...

- D'accord !

- Ils ont même été trouvé les prêtres...

- Les prêtres ?!!!

- C'est que l'affaire de la terre qui tremble et du corps qui se volatilise les a quelque peu troublé, et ils ont voulu d'abord se renseigner auprès de ceux qui devraient pouvoir les aider...

- Ils auraient tout aussi bien pu aller voir le procurateur...

- Inspecteur, vous les voyez raconter une telle histoire, eux, des soldats...! ?

- J'en conviens...

- Alors, ils ont préféré raconter ces choses à des gens qui ont un peu l'habitude de ce genre de manifestation...

- Bien, bien. Mais avec tout cela, on manque toujours d'un cadavre.

- C'est cela même.

- Je suis perplexe. Laissez-moi réfléchir un instant…

L'inspecteur : D'abord, est-ce que vous savez ce qu'il en est sorti de cette entrevue avec les prêtres ?

- C'est à dire que...

-Alors!?

- C'est à dire que les prêtres ont proposé de l'argent aux gardes...

- Quoi ! Tentative de corruption ? !

- ... pour qu'ils racontent qu'ils se sont endormis et que, pendant leur sommeil, les amis du défunt sont venus voler le corps et...

- Vous êtes en train de vous ficher de moi ?

- Pas du tout, c'est bien ainsi que les choses se sont passées !

- Combien? Combien ces prêtres ont pu proposer aux gardes pour qu'ils racontent des c…….s pareilles ?!!

- Le montant n'est pas connu, mais il s'agit d'une grosse somme....

- Et au sujet de la loi militaire ?

- Échange de bons procédés : les gardes se sont engagés à diffuser la nouvelle, et les prêtres leur ont promis d'arranger les choses auprès du procurateur !

- Bons procédés !? Vous m'en direz tant!... Enfin, ce n’est pas mon affaire...

- Inspecteur, vous voulez un verre d'eau ?

- Merci. (....)  Dites-moi, j'aimerais savoir comment le défunt en est arrivé à se retrouver face à la justice.

- Cela risque d'être long, inspecteur, l'affaire commence à peine à être mise par écrit.

- Qui donc cela peut bien intéresser de mettre cette histoire par écrit ?

- Trois ou quatre personnes au plus.

- Est-ce que vous sauriez...?

- Il y a d'abord un chroniqueur, un certain Marcos.

- Ensuite ?

- Un collecteur d'impôts, un dénommé Mattheus...

- Hein? Un collecteur d'impôts qui trouve que cette histoire vaut la peine qu'il l'écrive ?

- Ben ouaih, quoué ?!!

- Ca va, ça va. Passons…

- Il y a aussi un médecin, assez pointilleux, qui a commencé à raconter toute la vie de ce Jésus, c'est le nom du défunt, à un copain à lui, qui, s'appelle, je crois, Theophilos...

- Theophilos, c'est son vrai nom véritable ?

- Cela arrive !

- Vous aviez parlé d'un quatrième...

- Un ami à Emmanuel.

- Allons bon! , qui c'est cet Emmanuel ?

- C'est ainsi que les amis de ce Jésus désignent, par une sorte de code, ce dit Jésus.

- Qu'est-ce que cela veut dire ?

- Quoi ? Jésus ?

- Non, Manuel !

-  Emmanuel...Dieu est avec nous.

- Dieu est avec nous ?... Ils croyaient réellement que ce Jésus était Dieu !?

- A ce qu'ils disent...

- Mais, votre Jésus, il est bien né quelque part...

- A Bethléem d'après certains, à Nazareth selon d'autres, et d'autres encore disent qu'ils ne savent pas trop...

- Ouh ! là ! là! ...Oyoï ! Cette affaire commence à se compliquer.

- Inspecteur, le soir tombe, vous voulez rester à dîner...?

- Je veux bien, et de toute manière, faut que je prenne un temps de pause, afin de me remettre tout ça en ordre...

- Dite-moi, interrogea l'inspecteur Lacolombe, qu'est-ce que l'on sait de la vie de ce Jésus ?

- Depuis combien de temps ?

- D'aussi loin que possible...

- D'après les recherches d'un certain Lucas, sa naissance aurait été annoncée par un être céleste du nom de Gabriel à sa mère, une jeune femme du nom de Myriam et...

- Un être céleste ?

- Dans la langue de ce Jésus, on l'appelle mélik, ce qui veut dire "envoyé"...

- Envoyé par qui ?

- Beh...par Dieu ...

- Par Dieu ! ?

- Oui, mais, attendez, l'histoire est encore plus invraisemblable... Cette Myriam était fiancée à un certain Yossouf, parait-il de la lignée davidique, et elle tombe enceinte, selon l'être céleste, avant qu'elle et Joseph aient...

- Avant qu'ils aient quoi ?

- Disons...coucher ensemble !

- Ouaimf, elle aurait pu découcher de son Yossouf et aller voir ailleurs !

- Pas dans son pays, pas avec les lois de son peuple !

- C'est à dire...?

- Selon la loi Deutéronome 22- 24, toute femme fiancée coupable d'adultère sera mise à mort par lapidation et son adultérin aussi.

- Ils ne rigolent pas, ceux-là !...

- Non, inspecteur. Justement, c'est ici que se niche le nœud du pr...

- ?!!

- C'est que, lors de sa visite, le mélik lui annonce que, bien qu'elle n'ait pas été avec un homme, elle va tomber enceinte et va enfanter un fils, dont le nom est Yeshoua, ce qui veut dire Sauveur.

- Et ce Yeshoua , c'est donc lui le fils...de Dieu ? !

- C'est cela même...

- Ensuite ?

- Lorsque leur enfant est né, ils devront...

- Non, non, que devient ce fils de Dieu, une fois adulte ?

- Il aurait commencé sa 'carrière' en ayant transformé de l'eau en vin...Lors d'une noce...

- Comment a-t-il fait ?

- Mystère !

- Et à part cela ?

- Il avait le pouvoir de multiplier les poissons et les pains, à ce que des centaines de personnes ont témoigné.

- Une multiplication ?

- Pas qu'une fois ! Il s'agirait qu'à partir de deux ou trois pains et quelques poissons, pas très gros, ce Yeshoua a nourri une foule de centaines de gens, et qu'en plus il restait de quoi remplir des corbeilles que...

- Au moins avec lui, on ne risquait pas de crever d'inanition.

- En plus, il paraît qu'il proposerait de donner sa chair à manger !

- Qu'est-ce que c'est que c'est que cette histoire ? !!

- Il aurait déclaré: "Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage "

- Vraim...?!

- Inspecteur, voulez-vous reprendre un peu de steak saign...

- Pas de trop, merci

- Et il aurait ajouté que "Celui qui me mange vivra par moi"

- Drôle de personnage ! Et quoi d'autre ?

- A Jérusalem, dans le Temple, il se serait fait un fouet avec des cordes, et a chassé les vendeurs et les changeurs, aurait renversé quelques tables, et les aurait traité de voleurs...

- Et alors ?

- Alors rien, mais certains l'aurait alors entendu dire qu'il était capable de démolir et de reconstruire ce bâtiment en trois jours...

- Vous êtes bien toujours en train de me parler de ce Yéshoua qui se prétendait roi ?

- Oui, inspecteur, pourquoi vous dites...

- Parce que j'ai de plus en plus de mal à cerner mon personnage…

- Vous n'êtes pas le seul.

- Si vous avez des infos, dite les moi.

- Même le procurateur romain a eu du mal à...

- Il me faudrait le greffe de l'audience.

- J'ai déjà le témoignage écrit d'un certain Yohannes, grand connaisseur de notre homme. Tenez.

L'inspecteur Lacolombe déplia le document :

" Compte-rendu du procès devant Pontius Pilatus :

J'ai interrogé le présenté Yeshoua dit le Nazaréen en lui demandant s'il était roi des Juifs. Il m'a répondu : Dis-tu cela de toi-même ou d'autres te l'ont-ils dit de moi ? Je lui ai alors demandé ce qu'il avait fait pour que ceux de son peuple me le livrent. Il a répondu que son royaume n'était pas de ce monde. Alors je lui ai posé la question s'il était roi. Il m'a dit que je disais qu'il était roi, et il a ajouté qu'il était venu pour témoigner de la vérité. Je lui ai demandé ce qu'il entendait par vérité. Il ne m'a pas répondu. Quand j'ai appris que le principal tribunal juif, le sanhédrin, avait décidé de le condamner à mort, je lui ai demandé son origine. Il n'a pas voulu répondre. Je lui ai alors dit que j'avais le pouvoir de le relâcher ou de le condamner. Il a dit que le pouvoir que j'avais me venait d'en haut. Il a ajouté que celui qui me le livrait portait la plus grande responsabilité. J'ai cherché alors à le relâcher. J'ai alors demandé aux chefs juifs s'il me permettait de crucifier leur roi. Ils m'ont répondu qu'ils ne connaissent pas d'autre roi que César. J'ai donc décidé de les laisser crucifier ce Jésus.

(date illisible) "

- Qu'en pensez-vous ?

- Si j'ai bien compris, il a été condamné au bénéfice du doute...

- Dans l'intérêt de la nation, inspecteur.

- Et ce Pilatus ?

- Selon Lucas, le médecin, dit-on, ce Pilatus n'a pas hésité à zigouiller quelques Galiléens trop zélés...

- Un expéditif, je vois...

- Il raconte aussi qu'il est devenu ami de son ennemi, un dénommé Hérodos, un homme de paille mis en place par les Romains

- Un instable et un ambigu, en plus, ce Pilatus, non ?

- Et quant à Yeshoua ?

- Ce Yeshoua a donc été exécuté, est mort, a été enseveli et, d'après ce qu'il se dit, a été ressuscité, c'est bien cela ?!

- Tout à fait !

- Et que voulez-vous de moi ?

- Que vous nous disiez votre avis, inspecteur Lacolombe.

- Mon avis, il est tout simple, c'est que il n'y a pas de mystère, ni d'affaire, et que la résurrection de ce Jésus est à cent pour cent certaine, et je vais vous expliquer ce qui a emporté ma conviction : c'est cette phrase du compte-rendu du procès : « Il a dit que le pouvoir que j'avais me venait d'en haut ». Donc ce pouvoir d'en haut ne peut venir, soit de César, et je n'ai pas l'intention de discuter les ordres de l'empereur. Ou alors, il vient de Dieu, et je n'ai pas non plus l'intention de discuter les ordres de Dieu. De plus, si Dieu est tout-puissant, Il doit bien être capable de ressusciter les morts. Voilà mon avis.

- Et maintenant, que ferez-vous ?

- Je monte chez mon Patron...

 

Merci Pascal

 






08/12/2010
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